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Nom d’un pont !
1. Pont LeMoyne
Il y a eu Charles Le Moyne de Longueuil, marchand arrivé à Montréal en 1646. Puis ses 12 enfants, dont Charles, propriétaire des seigneuries de Longueuil et de Beloeil. Et aussi Pierre Le Moyne d’Iberville, qui a fondé la Louisiane. « La famille LeMoyne était établie des deux côtés du fleuve », dit Paul-André Linteau, de l’UQAM. « Et le pont Champlain est le lien principal emprunté par les camions qui arrivent des États-Unis. » Un nom approprié, donc.
2. Pont Kondiaronk
C’était un chef huron respecté. En 1701, il négocie le traité de la Grande Paix de Montréal, qui met fin aux conflits entre les Français, les Cinq Nations de la Ligue iroquoise et celles de la région des Grands Lacs. Kondiaronk, artisan déterminant de cette paix, meurt à Montréal deux jours avant la signature. « Sur quatre liens entre Montréal et la Rive-Sud, il serait bien d’en nommer un en l’honneur d’un autochtone », propose l’historien Ronald Rudin, de l’Université Concordia.
3. Pont Hochelaga
Pourquoi penser absolument à un personnage ? Pourquoi ne pas choisir un nom de lieu, suggère Dinu Bumbaru, d’Héritage Montréal ? Hochelaga est le nom du village iroquoien au pied du mont Royal qu’a notamment visité Jacques Cartier en 1535. Quelque 2500 autochtones y vivaient avant de l’abandonner, bien avant la fondation de Ville-Marie en 1642. « On a beaucoup de noms de personnes dans notre toponymie. Parfois, on devrait trouver des occasions de référer à notre géographie », dit M. Bumbaru.
4. Pont Maurice-Richard
La rumeur selon laquelle le nouveau pont portera le nom du légendaire hockeyeur montréalais court depuis au moins deux ans. En juin 2012, le ministre Denis Lebel a déclaré : « Le nom de Maurice Richard a beaucoup été évoqué jusqu’ici. Les gens nous disent que c’est un digne représentant du Québec, qui faisait l’unanimité. Mais on verra plus tard ce que l’on fera avec cette suggestion. » À suivre, donc.
5. Pont Champlain
Il n’a pas seulement fondé la ville de Québec. Samuel de Champlain est aussi celui qui a cartographié la région du Sault-Saint-Louis (aujourd’hui les rapides de Lachine). Il a aussi été l’un des premiers Français à voir le potentiel du site de l’île de Montréal pour y établir une colonie. « Ce n’est pas impertinent de vouloir garder son nom », dit Dinu Bumbaru, d’Héritage Montréal. Transport Canada dit n’écarter aucun nom pour le nouvel ouvrage, même pas Champlain.
6. Le Harpont
Le nom peut attendre, dit le professeur de l’ÉNAP, Pierre Simard. L’analyste des politiques publiques propose plutôt un surnom : le Harpont. « Le Harpont, c’est l’association entre un pont et un politicien (Stephen Harper) qui auront fait damner les Montréalais pendant des années. Le Harpont, c’est l’infrastructure qui permet au reste de la province de saisir Montréal et de l’aborder. Et le Harpont, ça évoque aussi l’usager qui verra son portefeuille harponné à chaque passage… »
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Un pont de la commémoration ?
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vignette : liste des ponts baptisés à la suite d’une commémoration]Pont Jacques-Cartier (baptisé en 1934) – 400
anniversaire de l’arrivée de Cartier en AmériquePont Champlain (baptisé en 1958) – 350
anniversaire de la fondation de Québec par ChamplainPont Charles-de Gaulle (baptisé en 1985) – 15
anniversaire de la mort du général de GaullePont Victoria (rebaptisé en 1898) – 60
anniversaire de la reine Victoria (jubilé de diamant)[légende]
« Souvent, les ponts ont été nommés pour marquer un anniversaire. », remarque Jean-François Leclerc, directeur du Centre d’histoire de Montréal. « Ceux qui vont s’arracher les cheveux pour trouver un nom trouveront peut-être une piste dans une commémoration qui aura lieu à ce moment », dit M. Leclerc.
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vignette : événements à commémorer]– Le 100
anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale (1918)– Le 150
anniversaire de la Confédération canadienne (1867)– Le 65
anniversaire de l’accession au trône de la reine Élisabeth II (1952)– Le 50
anniversaire de l’Exposition universelle de Montréal (1967)[légende]
Le nouveau pont devrait être achevé vers 2017 ou 2018. L’un de ces événements pourrait-il inspirer les autorités fédérales ? Il y aura peut-être aussi des campagnes populaires pour favoriser un nom en particulier, prédit Jean-François Leclerc. « Mais pour trouver un consensus, ça ne sera pas évident ! »
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